http://www.cerca-trova.fr/15163-thickbox_default/leo-schnug-la-jeune-fille-et-la-mort-aquarelle.jpg Agrandir

Leo SCHNUG, La Jeune fille et la Mort, aquarelle

Léo SCHNUG (Strasbourg, 1878 – Brumath, 1933)
La Jeune fille et la Mort
Aquarelle, rehauts de gouache et d'or
Monogrammé SL, signé et daté Léo Schnug 1916 en bas à droite
Titré au crayon sur le carton de dos d'origine Mädchen und der Tod
29 x 16 cm
Cadre en bois et stuc doré d'origine
Provenance : collection privée, Hoerdt (Alsace)

Plus de détails

Cette petite aquarelle est un chef d'oeuvre du génial Alsacien Léo Schnug. Très recherché en Alsace, cet artiste, peintre et illustrateur, vécut une vie douloureuse et hantée par la folie, qui avait déjà frappé son père avant lui. Il commença sa carrière aux Art Décoratifs de Strasbourg puis partit se former à Vienne. Il adhéra au Kunschthaaf du Cercle de Saint-Léonard avec les artistes alsaciens Charles Spindler, Paul Braunagel, Auguste Cammissar, Benoît Hartmann, Léon Hornecker, Anselme Laugel, Henri Loux, Alfred Marzolff, Georges Ritleng, Joseph Sattler, Lothar von Seebach, Émile Schneider, et Gustave Stoskopf. Il connut une période de production intense jusqu' à la Première Guerre Mondiale. Ses oeuvres sont marquées par plusieurs thèmes, parmi lesquels prédominent la guerre et le Moyen-Âge. En 1912, il fut décoré par le Kaiser Guillaume II pour les freques qu'il exécuta à la forteresse du Haut Koenigsbourg. Enrôlé en 14, du côté allemand donc, il fut réformé en raison de son inaptitude et de son alcoolisme. Sa décoration par l'Empereur lui valut d'éviter les sanctions. En 1918, il fit un premier séjour à l'hôpital psychiatrique de Stephansfeld dans lequel il fut définitivment interné à la mort de sa mère en 1921.

Que de richesse symbolique et de mystère dans cette aquarelle ! Il s'agit là d'un vieux thème germanique, celui de la Jeune fille et la Mort. Ce thème commence à apparaître dans les Danses Macabres des artistes allemands de la Renaissance. Il illustre, en mettant en scène une jeune et fraîche pucelle nue dansant avec des squelettes, le passage du temps, la menace de la mort aveugle et la vanité de la vie humaine, mais établit aussi un rapport déjà mis en évidence par les Anciens entre l'amour et la mort, la sexualité et la déchéance, Eros et Thanatos. De nombreux artistes célèbres vont s'emparer de ce thème : Niklaus Manuel Deutsch, Hans Baldung Grien, Franz Schubert, Edvard Munch, Egon Schiele ou encore Joseph Beuys. Mais à la différence des peintres qui ont insisté à plaisir sur l'érotisme de la chose, c'est à une réfléxion sur l'art même que Schnug nous invite. Le lieu semble être la salle d'un château décorée de freques médiévales, mais on pourrait aussi penser à un musée, où les oeuvres d'art, selon quelques pessimistes, viennent mourir. La Mort, vêtue d'un grand manteau à capuche et de coquettes poulaines, est plongée dans la contemplation du portrait d'une Bella Donna de profil en costume de la Renaissance. Un rayon de lumière traverse la scène. On ne sait s'il passe devant ou derrière la sombre Visiteuse. Il semble passer derrière et venir illuminer comme par magie une tomette du pavement, mais l'ombre sur le manteau de la Mort paraît cependant, étrangement, indiquer le contraire. La Mort observe, immobile. Elle se tient le menton avec le rictus qui lui est familier. On imagine le plus profond silence. Et pourtant quelque chose est en train de se passer. La lumière du matin darde son rayon magique et sur la fresque un oiseau chante sa venue, brisant symboliquement le silence de ce caveau muséal. L'interprétation de tout ceci est multiple, mais une idée semble dominer : les oeuvres d'art sont un défi lancé à la Mort. En pleine Guerre Mondiale, avec sa moisson de morts et de destructions (d'oeuvres d'art notamment), déjà hanté par l'alcoolisme et la démence qui le guette, Schnug semble vouloir nous dire tellement de choses dans ce dessin magique !

 

Quelques oeuvres visibles en Alsace :

- Le vitrail Le jugement de Richard Cœur de Lion pour le Musée de Haguenau

- L’entrée solennelle de Sigismond à Strasbourg en 1414 (Musée historique de Strasbourg)

- Salles de la Maison Kammerzell et plafond de la Pharmacie du Cerf, situés sur la place de la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg

- Fresques du château du Haut-Kœnigsbourg

 

Sources :

http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9o_Schnug

Bibliographie : voir liens